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19 avril 2014 6 19 /04 /avril /2014 00:22

Vendredi 18 avril

Une sortie est prévue cet après-midi, neuf personnes ont réservé. Il fait un mauvais temps de mois de novembre en France, 10°C, du vent pas trop fort mais suffisant pour former des vagues et nous allons être mouillés par les embruns frais (la mer est à 15°C) et surtout, il pleut... beaucoup. Et une pluie froide qui vous transperce même en étant très bien équipé. Et pourtant nous sommes impatients d'aller dans cette humidité glaçante. Il faut dire que nous avons une bonne raison à cela, une baleine à bosses a été vue ce matin et nous voulons absolument la retrouver. Elles sont rares aux Açores, elles viennent parfois et de manière tout à fait aléatoire, à n'importe quel moment de l'année, l'année dernière il y en a eu une seule de passage et pas lorsque j'étais là. Il faut dire que la baleine à bosses, c'est quelque chose ! Tout le monde l'aime, elle est différente des autres avec ses 2 grandes nageoires pectorales qui lui donnent l'air d'avoir des ailes (d'où son nom Megaptera novaeangliae, megaptera signifiant grande aile) et surtout, c'est une star, une diva. Elle aime se donner en spectacle.

Les conditions sont loin d'être idéales pour l'observation des cétacés, en particulier parce qu'elles rendent très difficiles le travail des vigies à terre dans leur repérage des baleines pour nous guider par radio vers elles. Et je ne vous parle pas des conditions pour faire des photos : tout est gris, pas de lumière et des photos sans lumière c'est pour le moins incompatible. On verra bien, peut-être que les seules photos de la journées seront gravées uniquement dans mes souvenirs.

Avec la vitesse du bateau les grosses gouttes de pluie me font l'effet de grêlons qui m'assaillent le visage ou en tout cas le peu de mon épiderme qui n'est pas couvert. Je ne sais pas comment fait Pedro pour piloter son bateau sans lunettes. Et je pense aussi à nos clients qui sont nettement moins bien équipés que moi.

Dans un premier temps nous arrivons près d'un groupe de trois rorquals boréals, ce qui n'est pas fréquent, ils sont en général plutôt solitaires mais en plus leur comportement n'est pas du tout habituel : généralement ils se déplacent de manière assez prévisible, plus ou moins en ligne droite, ils sont faciles à suivre et sont peu spectaculaires. Certes ce sont de gros animaux (jusqu'à vingt mètres de long) mais on ne voit en principe que l'arrière de la tête avec les évents qui leur permettent de respirer ainsi que le dos avec un grand aileron dorsal. Mais ces trois là sont restés dans un petit périmètre, à se côtoyer de près, à se rouler sur le côté nous montrant ainsi leurs nageoires pectorales. C'était apparemment un moment de socialisation, peut-être une rencontre galante... Et ils se sont comportés comme si nous n'étions pas là. Le bateau était arrêté et il semblerait que ces baleines-là ne connaissaient pas les règles du whale watching : les bateaux ne doivent pas approcher à moins de cinquante mètres des baleines et toujours par l'arrière. Mais peut-être que les cétacés n'ont pas de règlement qui les empêchent de s'approcher des bateaux ou alors ils ne l'ont jamais lu ou bien ils ont oublié.

De retour à la mine...

Leur manège a duré un bon moment, les baleines passant parfois à moins de cinq mètres du bateau. Il y a parfois dans la vie des moments ou on se sent petit... Très impressionnant et belle ambiance sur le bateau.

De retour à la mine...
De retour à la mine...

Finalement nous les avons laissées à leurs occupations et nous sommes partis à la recherche d'autre chose, chacun d'entre nous (l'équipage) ayant dans un coin de la tête la diva aux grandes ailes.

Et Pedro a repéré au loin un énorme splash, une grosse masse d'écume blanche signe qu'une baleine, une grosse, venait de faire un saut hors de l'eau. Deux possibilités, un cachalot ou... une baleine à bosses. Pas de cachalot vus ces derniers jours dans les environs donc...

Plein gaz dans la direction repérée et Elle est bien là.

Elle nous accueille en plongeant en sortant sa grande nageoire caudale (ce que ne font pas d'autres espèces sauf les cachalots).

De retour à la mine...

Après quelques minutes elle refait surface, ou plutôt elle se propulse au dessus de la surface et cette fois le splashhhh qui s'en suit n'est vraiment pas loin, environ cinquante mètres. Une baleine à bosse c'est quand même une petite bête qui peut faire jusqu'à quinze mètres de long et peser quarante à cinquante tonnes. Je vous laisse imaginer l'effet...

De retour à la mine...
De retour à la mine...

Puis la star du jour nous a gratifiés de trois sauts supplémentaires et de grands coups de nageoire caudale sur l'eau.

De retour à la mine...

Sympa, elle est restée près de nous jusqu'à ce que ce soit l'heure pour nous de prendre le chemin du retour. On en a vraiment pris plein les yeux et fait un plein de très fortes émotions. La star a bien fait son show et il a été grandement apprécié.

Quelle sortie ! Aucune des personnes présentes sur le bateau n'oubliera ces moments uniques, même Pedro qui en a pourtant vu d'autres.

De retour à la mine...
De retour à la mine...
Un capitaine trempé mais heureux.

Un capitaine trempé mais heureux.

Petit retour en arrière.

Mercredi, vers 10 h, le comité d'accueil est là à l'aéroport : je retrouve Pedro, Marilia et Ricardo, une partie de ma famille du milieu de l'Atlantique. Quel plaisir !

On m'annonce qu'il y aura une sortie en bateau cet après-midi et que cette première sortie sera mon cadeau d'anniversaire. Et pour un cadeau, il sera exceptionnel comme on ne peut avoir qu'en rêve. Imaginez, outre le bonheur de me retrouver là, sur l'eau avec mes amis, notre route croisera celles de deux rorquals communs et d'une baleine bleue, soit les deux plus gros animaux qui aient jamais existé sur notre planète. Un rorqual commun (Balenoptera physalus) peut mesurer jusqu'à vingt cinq mètres pour un poids d'environ cent tonnes.

De retour à la mine...
De retour à la mine...

Quand à la baleine bleue (Balenoptera musculus), elle, elle joue dans la cour des grands : jusqu'à trente mètres pour environ deux cent tonnes, oui 200 ! De telles mensurations ça parait complètement abstrait donc pour vous donner une image de ce que ça peut représenter, imaginez deux bus de tourisme, les gros bien sûr, et mettez-les l'un derrière l'autre : là, vous avez trente mètres. Impressionnant, non ? Quant au poids, prenez les deux mêmes autobus et comme unité de mesure supplémentaire on va prendre l'éléphant qui n'est pas vraiment réputé pour sa légèreté. Donc, sur les bus on rajoute des éléphants. Des adultes, pas des éléphanteaux. Pas deux ou trois, ni dix ou quinze mais cinquante... Et là vous avez environ le poids d'une de ces géantes des mers. Ça en impose, non ? Et quand une de ces géantes décide de passer devant nous à moins de vingt mètres, on se dit qu'on est vraiment pas grand chose sur cette planète.

Quand on se trouve aussi proche de cet animal, quand elle souffle pour renouveler l'air de ses poumons par ses deux évents situés sur le dessus de la tête, on croirait se trouver à côté d'un geyser ou d'une forge. Quelle puissance ! Le souffle peut se voir de très loin, il mesure jusqu'à neuf mètres de haut.

De retour à la mine...
De retour à la mine...
De retour à la mine...

Il se dégage de cette animal, comme de ses congénères d'autres espèces, une impression à la fois de puissance colossale et de douceur infinie. C'est très impressionnant de se trouver aussi près, pas à cause d'un quelconque danger inexistant par ailleurs, mais à cause de l'immensité, de la démesure qui se trouve devant nos yeux incrédules.

A peine quelques heures après mon arrivée me voilà déjà empli d'émotions fortes.

Et ce n'est que le début, le premier jour, la première sortie. Le deuxième jour, deux sorties et de nouveau des baleines bleues dont une nous montrera sa nageoire caudale ce qui n'est pas très fréquent.

Vraiment je ne vais pas me plaindre de ce retour à la mine...

P.s. : mes copains les dauphins sont bien sûr au rendez-vous.

De retour à la mine...
De retour à la mine...
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commentaires

C
Tes photos sont absolument époustouflantes. Beaucoup rêveraient d'être à la place !
Répondre
S
Bonjour Marc, je suis de passage sur ton blog et je trouve que tes photos sont magnifiques. Comme quoi, le monde marin cache les plus belles merveilles qu'il existe au monde. Merci de nous les faire partager avec toi.
Répondre
B
On the earth again. Tu tutoies l'origine du monde et en plus tu partages..<br /> Merci<br /> Pensées+
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M
Hello, Marc super contente pour toi<br /> en fait un comité d'accueil a ta mesure!<br /> Bienvenidos <br /> Besos
Répondre
S
Quel plaisir de te savoir là-bas. Profite bien. (je le redis pour tes photos... Ou pas ? Trop chouettes )
Répondre
O
c'est quand même mieux que souffler des bougies sur un gâteau ! quel bonheur que tu sois reparti ! on va à nouveau rêver !!!!
Répondre
M
j'ai aussi eu droit au gâteau avec les bougies. La totale !

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"Je ne vois pas de délégation de nos Frères à quatre pattes.
Je ne vois pas de siège pour les Aigles.
Nous oublions et nous nous croyons supérieurs.
Mais nous ne sommes en fin de compte rien de plus qu'une partie de la Création. Et nous devons réfléchir pour comprendre où nous sommes situés.
Nous sommes quelque part entre la montagne et la fourmi.
Quelque part et seulement là comme une partie et parcelle de la Création."
Oren Lyons Iroquois Onondaga.
Extrait d'un appel aux organisations non gouvernementales des Nations Unies - Genève - Suisse - 1977.

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"La nature est lente mais sûre.
Elle ne travaille pas plus vite qu'elle n'a besoin de le faire.
Elle est la tortue qui remporte la course de la  persévérance."                                                                                                 

Henry David Thoreau
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"C'est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas."
Victor Hugo
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Mac Millan, ornithologue du XIXe siècle
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