Le mois de mai, c'est l'époque de la migration des baleines et de la mienne vers les Açores. Elles ne font que passer entre les îles et s'y arrêtent le temps d'un casse-croûte ou deux avant de continuer leur route vers les eaux froides septentrionales où là ce sera le festin durant tout l'été.
Quant a moi, l'escale durera cette année seulement six semaines. Tout de même largement le temps de profiter de la présence de mes très chers amis Pedro, Carla, toute l'équipe de HortaCetaceos plus quelques autres et de nos amis marins.
Déjà douze jours ont passé et pas mal de sorties en mer. C'est toujours le même plaisir d'emmener des gens voir les cétacés et de revenir à terre tous ayant, en général, un grand sourire. La rencontre avec les grandes baleines et les dauphins n'est jamais une expérience anodine et l'effet est en général garanti.
Déjà quelques belles expériences et deux en particulier :
Mis à part leur gigantisme, leur puissance colossale, leur douceur infinie, ce que j'aime chez les baleines bleues, c'est qu'elles nous font parfois l'immense plaisir de venir nous dire bonjour de très près. Et c'est arrivé il y a quelques jours. Nous avons vu l'une d'entre elles se déplacer dans notre direction sous la surface (comme elles ont une couleur gris bleuté assez clair, sous la surface on dirait un immense fantôme bleu turquoise) puis faire surface et souffler à environ trois mètres derrière le bateau, et la puissance du souffle de la baleine bleue c'est vraiment quelque chose, ça vous prend vraiment aux tripes. Ensuite elle est passée sous le bateau et là, dans une telle situation, on se rend vraiment compte de la taille gigantesque. J'aime bien l'appeler la baleine sans fin.
Quelques jours plus tard, la sortie se passe de la meilleure des façons puisque nous avons la chance d'observer deux baleines à bosse, ce qui n'arrive pas tous les jours, loin de là, puis une baleine bleue. Les sourires illuminent tous les visages puis une rumeur sort du haut parleur de la radio du bord, un bateau aurait aperçu des orques. "aurait", le conditionnel dubitatif est de rigueur car il est vraiment très très très rare de voir le plus grand de la famille des dauphins. Ce sont ici des animaux océaniques qui restent au large où ils trouvent les grandes proies qu'ils affectionnent comme les thons.
Début mars un groupe d'orques a pourtant été observé près des côtes ce qui n'était pas arrivé depuis sept ou huit ans. Alors une deuxième fois cette année c'est difficile à imaginer...
Et pourtant, rapidement la rumeur s'est transformée en réalité, pour notre plus grand bonheur.
Il y a quelques années j'ai passé un hiver au Nord de la Norvège, aux îles Lofoten, sur mon bateau pour voir des orques mais pour la première fois ils ne sont pas venus. Et finalement c'est à un endroit où ils ne viennent quasiment jamais que j'ai le privilège de les rencontrer pour la première fois.
Le groupe comprenait une vingtaine d'individus répartis en deux sous-groupes. Je savais qu'ils étaient gros et puissants mais je n'imaginais pas à quel point. Les mâles peuvent atteindre dix mètres et peser plus de neuf tonnes. Dans le groupe il y avait un grand mâle facilement reconnaissable à son grand aileron dorsal vertical. L'impression de puissance dégagée est phénoménale. Ils étaient en déplacement et donnaient límpression que rien ne pouvait les arrêter.
Ce sont vraiment de très beaux animaux avec leur couleurs contrastées qui font que nous les appelons souvent les dauphins pandas. Et surtout ce sont les plus grands prédateurs des océans (on les trouve sous toutes les latitudes, dans tous les océans et même en Méditerranée) et n'ont peur de rien. Ils s'attaquent même au grand requin blanc. Selon la région géographique ils se trouvent, leur régime alimentaire varie : thons, saumons, otaries, manchots. Mais ce sont aussi des opportunistes qui peuvent également se satisfaire de dauphins ou de petites baleines, bref tout est bon pour eux. Tout ? Non, pas tout à fait. Il n'a jamais été rapporté d'attaque d'orque sur un humain... dans son environnement naturel. En captivité, c'est une autre histoire. Qui ne deviendrait pas fou en étant injustement enfermé toute sa vie dans un espace très réduit ?
A ce propos, si le sujet vous intéresse, notez sur vos tablettes, calendriers, dans vos agendas pour le 2 juillet, 20h50 sur Arte la rediffusion du documentaire "Blackfish" qui traite de manière très édifiante le sujet de la captivité des orques. A voir absolument.
Il est bien connu que la vie n'est pas un grand océan tranquille et je m'en suis rendu compte par deux fois depuis mon arrivée, la technologie s'est chargée de me le rappeler.
Tout d'abord, dès la première sortie en mer, il est apparu que l'autofocus de l'objectif zoom de mon appareil photo ne fonctionnait pas. Pas moyen d'y remédier. Donc je dois faire "à l'ancienne", mise au point manuelle. Avec les grosses baleines, même si ce n'est pas simple, c'est jouable car l'action n'est en général pas très rapide mais avec beaucoup de déchet tout de même. Avec les dauphins, petits et habituellemnt très rapides, c'est très loin d'être gagné.
Et puis plus grave, par malchance, mon ordinateur s'est retrouvé par une nuit pluvieuse juste sous un gouttière dans le bateau dans lequel je loge et bien évidemment il n'a pas du tout apprécié la douche. Moi non plus d'ailleurs.
Même après avoir bien sèché, rien à faire, il ne veut rien savoir. Pas cool du tout. Si quelqu'un a une idée....
Heureusement j'avais fait une sauvegarde la veille de mon départ. Je n'aurais donc pas perdu toutes mes données.
Je dois donc emprunter un ordinateur pour traiter mes photos et publier mon blog. Merci Marilia pour me permettre d'utiliser son Mac.
Pour le reste, ma tablette fait l'affaire.
Bon, je vais aller allumer encore un cierge pour implorer une fois de plus sainte Technologie de bien vouloir faire quelque chose pour que mon Macbook retrouve ses esprits.
Et pour terminer sur une note plus positive, et faire plaisir à Pedro, vous dire que les cachalots sont toujours bien présents et ça c'est vraiment bien.