Après cette longue pose charentaise, Vo Lu Mondu a quitté son bain de vase dont il a profité à Mortagne sur
Gironde.
Il est resté à l’eau tout l’hiver parce que le chantier n’a pas fait le nécessaire pour le mettre à terre
comme prévu. Résultat, il repart comme il est arrivé, sans les travaux que j’avais prévus de réaliser et avec une carène bien sale. On verra ça plus tard.
Le chenal de Mortagne est embouqué au petit matin, à marée haute, seul moment où il est praticable.
|
|
La Gironde est descendue avec le courant jusqu’à la pointe de Grave et, en laissant le beau phare de Cordouan
à tribord, le cap est mis au sud ouest, direction la côte nord espagnole.
Ma première intention était de me diriger directement à l’ouest pour aller passer l’été au Québec mais, c'est
bien connu, un programme n'existe que pour avoir la possibilité d'être modifié. Donc, je sors de ma bibliothèque mes livres pour apprendre l’espagnol.
Si vous suivez ce blog, vous savez qu’Eole et moi on est pas vraiment copains. Moi je n’ai rien contre lui
mais lui, je ne sais pas pourquoi, il me boude. Depuis mon départ, j’ai beaucoup plus utilisé le moteur que les voiles. Avantage cependant, pas de tempête, il y a toujours du positif quand on
cherche...
Comme je me suis fait très discret depuis un certain nombre de mois, peut-être qu’il m’a oublié...
Donc nous voilà partis pour une traversée du souvent redouté golfe de Gascogne. Les vents, les vagues qu’on
peut y rencontrer viennent de traverser un océan entier sans le moindre obstacle terrestre pour diminuer leur intensité donc ça peut être ni sympathique ni confortable comme
navigation.
Vous connaissez le golfe persique et le golfe du Mexique. Qu’est ce qu’on y trouve dans ces golfes ? Du
pétrole.
Et dans le golfe de Gascogne, qu’est ce que j’ai trouvé ? De la pétole.
Pour les non initiés, la pétole c’est quelque chose de redouté par les navigateurs, autant que les coups de
vents pour certains. La pétole, c’est la panne de vent, pas un souffle, pas un pet d’air comme on dit sur le Léman, pas un louf, que dalle !
Donc entre ces différents golfes, il y a comme un r de différence. Pétrole, pétole, la même
tristesse...
Eh voilà, une fois de plus, je me retrouve à griller du pétrole dans mon moteur.
Après la mer de Norvège, la mer du Nord, la Manche, le raz Blanchard, le chenal du Four, le raz de Sein, tous
ces endroits qui peuvent être très mal famés, maintenant le golfe de Gascogne sans air !
Eole, tu m’entends ? Mais qu’est ce que je t’ai fait pour que tu m’en veuilles à ce point ?
Bon d’accord, j’ai pu faire 7 à 8 heures de voile sur les 40 de la traversée jusqu’à Santander, mais bon,
peut-être que tu pourrais faire un effort pour que ça dure un peu plus. Ces quelques heures à la voile, c’était parfait. 10 à 15 noeuds de vent au près bon plein (c’est à dire sans devoir
remonter le plus possible dans la direction du vent), vitesse autour de 6 noeuds, hmmmm, c’était bon !
Bon mais court.
Et puis quand il n’y a pas de vent et qu’on est travers à la houle du large, il se passe quoi quand on n’a
pas navigué depuis un bon moment ? Eh bien on a le mal de mer.
Pas de vent, des vagues qui vous remuent bien, réaction rapide de votre système digestif... Je vous passe les
détails...
Arrivée au milieu de la nuit à Santander, l’ancre posée sur le fond de sable et pas besoin de berceuse (!)
pour rejoindre les bras de Morphée.
2 jours de repos plus que nécessaires et cap à l’ouest cette fois pour se poser quelques jours dans la baie
de San Vicente de la Barquera.
Et vous savez pas quoi ? Pas d’air pour y aller, pétole. Allez, je rajoute un r et j’ai de quoi faire tourner
mon moteur.
La conclusion que je tire de ça ?
Si j’avais autant de pétrole que de pétole, je serais richissime et je financerais des recherches pour
développer un moteur qui marche à... l’eau de mer. A priori je devrais toujours en trouver et en quantité inépuisable.
Comme quoi, mine de rien, ou plutôt l’air de rien, juste une petite lettre ça peut vous changer un
destin.
P.s. : autre solution, j'arrête le bateau et je commence... le golf. Au moins là, quand il n'y a pas d'air
c'est un avantage.
o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o