Tiens, un nouvel exercice pour moi : je vais partager cette traversée avec vous lecteurs, en direct (même si
vous pourrez lire seulement quand je serai arrivé), en rédigeant mes impressions au jour le jour, à chaud, et je ne retoucherai pas ce qui en sortira. Exercice sans filet, aucune idée de ce que
ça donnera.
En espérant que ça aura un intérêt pour vous. Commentaires bien venus.
« Allo, Maman, alors je pars demain à destination de Mortagne sur Gironde. Il me faudra environ une
quinzaine de jours de traversée. » En fait, j'ai dans l'idée entre 10 à 15 jours, en espérant 10, 15 signifierait une lenteur de bigorneau. Et, en général avec les mères, il vaut mieux
rester très évasif en matière de date ou d'heure d'arrivée, portées qu'elles peuvent être dans ce domaine à l'interprétation de ce qui est annoncé.
« Très bien. Alors j'attends de tes nouvelles dans 10 à 15 jours. » (Qu'est-ce que je vous avais dit
!)
« Non, je t'ai dit une quinzaine de jours. »
Prémonition ?
15 août
Terceira diminue progressivement dans le sillage de Vo lu mondu. Départ matinal.
Peu de vent, le moteur est là pour déhaler les quelques 8 tonnes du bateau. Strobinell, en partance pour
Douarnenez est sur tribord à quelques centaines de mètres. Notre route est assez similaire pendant au moins une semaine. Combien de temps allons-nous rester à vue l’un de l’autre ? Puis nous ne
nous devinerons que sur l’écran radar et ensuite nous serons seuls, chacun sur notre coin d’océan. Chacun sa route, chacun sa vitesse ou sa lenteur.
© Marc Perrussel
Pratiquement comme à chaque fois que je reprends la mer, j’ai envie de voir des dauphins autour du
bateau. En pensée, systématiquement, je les appelle. Et généralement ils viennent. Encore une fois, ils sont là. Une douzaine de grands dauphins (Tursiops truncatus) croisent et recroisent devant
l’étrave. Ils restent une dizaine de minutes et repartent comme ils étaient venus, discrètement, ils s’effacent, ils s'évanouissent, ils se fondent dans leur élément liquide, comme des morceaux
de sucre. Et tout est plus doux après leur passage...
© Marc Perrussel
Je sais qu’à chaque fois ils viennent me souhaiter bon voyage. Je les en remercie, je suis serein pour cette
grande traversée, ils m’accompagneront et, je l’espère, leurs cousins, leurs frères seront là pour m’accueillir dans le golfe de Gascogne.
La grande houle qui rejoint habituellement les deux continents est absente. L’océan est endormi aujourd’hui.
Il ondule légèrement, Volumondu est comme posé sur la paume de de la main droite de Neptune, il en épouse les petits reliefs, il en suit la ligne de vie. La route que j’ai tracée sur ma carte
électronique en fonction des prévisions météo est l’orthodromie. Du fait de la rotondité de la planète, cette ligne tracée sur l’écran de l’ordinateur ressemble étrangement à cette ligne qui nous
traverse la paume en tournant autour de la base du pouce. J’aime bien cette idée de savoir mon bateau roulant en douceur dans le creux de cette immense main océanique.
Si nous avons tous deux lignes vie gravées dans nos mains, les voiliers prudents en ont aussi deux : ce sont
des sangles qui courent sur le pont du bateau, très solidement fixées, et sur les quelles les navigateurs s’attachent pour éviter de passer par dessus bord lorsqu’ils doivent
manoeuvrer.
Pour un solitaire, elles sont plus importantes que le gilet de sauvetage. Qui viendrait le secourir alors
qu’il flotte avec son beau gilet rouge ou jaune alors que le bateau continue à tracer son sillage en suivant scrupuleusement les indications du pilote automatique ? La place du marin est sur son
bateau, pas à côté. Donc, je m’attache systématiquement quand je dois aller sur le pont.
Au milieu de l’océan, l’horizon est un cercle parfait et moi je suis sous la pointe du compas qui l’a
tracé.
Au dessus, la voute céleste. C’est comme les «boules à neige» pour touristes, (Tour Eiffel ou autre...); si
une main géante la mettait à l’envers puis la retournait, on pourrait voir Vo lu mondu couvert d’une belle couche de blancs flocons.
- Eh, la grande main, pas de blague, t’es pas obligée de le faire !
16 août
Gris le ciel
Gris l’océan
Gris l’estomac
Gris le moral
Et Dame Nature, la magicienne, m’offre ce dont j’avais besoin : un magnifique bouquet de couleurs cueillies
au grand jardin atlantique.
© Marc Perrussel
Qu’est ce que j’aurais aimé passer sous cette grande arche lumineuse !
2 ris dans la grand voile et trinquette à l’avant (voilure très considérablement réduite), moteur en
appui pour assurer un cap décent et une vitesse suffisante pour ne pas être désespérante, 2 jours que ça dure ce vent de face assez fort.
Vo lu mondu est secoué dans tous les sens.
36 heures que je n’ai rien mangé si ce n’est une banane qui n’a pas l’air, pour l’instant d’avoir l’intention
de ressortir...
Dire que je n’avais jamais le mal de mer avant. Avant quoi ? Pas de réponse...
Je passe mon temps sur la couchette de la cabine arrière. Dès que j’essaie de lire, la banane se rappelle à
mon bon souvenir...
Je dors. Autant que je peux. L’océan est vide autour de moi à des centaines de milles du continent. Je dors,
les instruments veillent...
Quand je me lève pour noter les points de ma route, une seule envie, retourner me coucher. La
banane...
Comment quelqu’un a-t-il pu appeler cela de la navigation de « plaisance « ? Plaisance-plaisir ?
Je soupçonne cet individu (et là je suis courtois !) de n’avoir pour expérience de navigation que celle
des jolis petits voiliers en bois sur les eaux calmes des bassins du jardin du Luxembourg à Paris.
A mon tour de créer un néologisme : la déplaisance.
Oui, c’est ça, je fais en ce moment de la navigation de déplaisance...
Un jour j’irai au jardin du Luxembourg...
De toutes façons, la mémoire du navigateur en général est extrêmement sélective, seuls les bons souvenirs
restent inscrits. Il n’y a qu’à lire les multiples récits, combien parlent sincèrement des moments de galère ? Par contre les plaisirs des belles navigations avec juste le vent qu’il faut, le
soleil, les cocotiers qui apparaissent au soleil couchant....
17 août
J’ai dormi 8 heures d’affilée, même le bruit du moteur qui est à un mètre de moi ne m’en a pas
empêché.
Une tasse de thé, une banane et une pomme ce matin. J’ose un tel festin car le vent est tombé, la mer est
calmée et le soleil est là.
Je renvoie toute la toile mais le moteur doit quand même continuer son boulot.
Où est le vent promis par les fichiers météo que je consulte sur mon ordinateur ? J’ai toujours du nord-est
alors qu’on m’annonce du sud-ouest qui me serait beaucoup plus favorable. Faudrait quand même que la situation évolue car je n’aurai pas assez de gasoil pour aller jusqu’au bout.
950 milles (1750 km) à parcourir encore jusqu’à Royan. En ligne droite. Et la ligne droite en navigation à la
voile, est juste un trait tracé sur une carte.
950 milles, près de 10 jours au rythme actuel. Plaisance-Déplaisance.
11h10, ça fait 4 heures que je suis levé, je retourne me coucher. La banane, la pomme...
18 août
14h15, plus de vent du tout... Comme souvent hélas. A part une légère houle, la mer est très calme. Du coup
j’ai osé une assiette de spaghettis avec une des délicieuses sauces de Claire et Bruno, la bruschetta, celle que je préfère. Je retourne me coucher...
19 août
Le vent est revenu, pas bien fort, de l’ouest.
Après avoir contourné par l’ouest la zone sans vent qui me barrait la route depuis les Açores, ce qui a
rallongé le trajet de pas mal de milles, je fais maintenant route plus ou moins directe, vent arrière. Et je me traîne entre 3,5 et 4 noeuds...
Même pas drôle !
Combien de jours encore me faudra-t-il pour arriver à ce rythme de bigorneau ? Encore 880 milles. 9 jours ?
10 jours ?
J’ai même envisagé de me dérouter vers La Corogne en Espagne qui est 200 milles moins loin. 2 jours de moins
peut-être.
Et après ? Il faudra bien ramener le bateau et au total la distance sera plus importante. Et quand le vent
sera-t-il favorable pour cela ?
Non, pas de changement de destination. Après tout je savais au départ que ce serait 10 à 15 jours alors va
pour 10 à 15 jours. Même si j’aurais préféré que ce soit 10.
La voile a ceci de paradoxal c’est qu’on en fait par plaisir, à priori, et qu’on veut toujours que ça dure le
moins longtemps possible. Je m’étais déjà fait la réflexion à l’époque où je naviguais en régate, tout le monde voulait être le premier sur la ligne d’arrivée, le premier rentré au port. Je n’ai
jamais trop compris pourquoi. Le plaisir n’est-il pas d’être sur l’eau plutôt que d’attendre que les autres s’amarrent après vous au ponton ou alors qu’ils vous rejoignent au bistrot ?
Remarquez que nous faisions toujours partie de ceux qui restaient le plus longtemps à naviguer. Nous
laissions généreusement, à défaut de le faire volontairement, les honneurs du haut du classement aux plus pressés ou aux meilleurs qui devaient probablement être les mêmes.
Manger, lire, dormir.
Dormir, manger, lire.
Dans l’humidité grise.
Heureusement ma bibliothèque est bien garnie.
« L’âme des animaux » Jean Prieur, éditions Robert Laffont : passionnant !
Pourquoi est-ce que je me suis encombré d’un fichier météo me donnant les prévisions de force et de direction
des vents qui me permet de tracer au mieux (?) ma route ?
A l’en croire, je devrais avoir 20 noeuds de sud ouest, ce qui me conviendrait très bien alors que j’ai 0
noeud (oui, ZERO !) venu de nulle part. Et le brouillard en prime...
C’est encore plus frustrant que si je n’avais pas de prévision, au moins je prendrais ce qu’il y a sans
m’attendre à avoir autre chose.
Du coup, pour la suite, c’est le grand mystère, navigation à l’ancienne, je prends la route la plus directe,
ce que j’aurais peut-être dû faire dès le départ...
20 août
Belle nuit que celle qui vient de s’achever.
Dormi 9h, sommeil juste entrecoupé par 2 ajustages du réglage des voiles.
Il faut dire que c’est plutôt désert par ici, c’est pas le périph’ aux heures de pointe. Les alarmes de mes
instruments ne se sont pas déclenchées une seule fois depuis le premier jour. Rien vu de flottant depuis 3 jours. Hier j’ai croisé 2 porte-conteneurs, uniquement aperçus sur mes instruments, le
plus proche étant à 15 km.
Le ciel a fini de déverser sa tristesse autour de moi (comme s’il n’y avait pas déjà assez d’eau dans les
environs !) et les lourds rideaux gris qui nous entouraient se sont évanouis en silence. Et le vent est revenu. Pas bien fort mais bien orienté ce qui a assuré une progression nocturne régulière
aux alentours de 4-4,5 noeuds. C’est pas vraiment rapide mais on ne va pas se plaindre, c’est quand même plus réjouissant qu’hier.
17h45
ben les amis, c’est pas gagné mon histoire... Depuis ce matin la moyenne doit être de 3,5 noeuds. J’espère
encore une arrivée avant Noël. Oui, cette année quand même.
Tiens j’aurais du me mettre plus tôt à écrire, ça a provoqué une accélération foudroyante à 4, 23 noeuds,
record de la journée pour l’instant, je pense. Yeeesss, 4,30 !!! ça décoiffe !!
A part ça, comme pas mal de monde sur terre, la routine. Je dors, je mange, je lis, j’écoute de la musique et
des émissions enregistrées sur France Inter il y a quelques mois.
Une nouveauté quand même, et qui me fait très plaisir, j’ai de la compagnie : une passagère clandestine qui
vient de sortir de sa cache : une petite araignée. Elle a tissé cette nuit une jolie toile entre l’ordinateur de navigation et la radio VHF. Je vois juste quelques unes de ses pattes. J’espère
qu’elle ne restera pas trop farouche. Je lui ai assuré qu’elle ne risquait rien avec moi, que je la dénoncerai pas aux autorités à notre arrivée, qu’elle pouvait aller et venir en toute liberté
et toute quiétude.
Sa présence ramène à mes souvenirs la présence de Julie, une mouche, qui m’avait tenu compagnie pendant 2
mois au début de mon voyage. Je lui avais consacré un petit article dans ce blog ( Julie ).
Tiens, l’araignée, je vais aussi l’appeler Julie. Je vous en ferai une description dès qu’elle se montrera
entièrement. J’espère qu’elle ne sortira pas que la nuit.
J’ai bien peur qu’elle n’attrape rien dans sa toile. Pour une fois je souhaiterais presque la présence de
quelques moustiques...
Je ne sais pas trop ce qu’aime manger une araignée, elle peut choisir ce qu’elle veut dans mes provisions, il
y en assez pour nous deux. Self service.
21 août
ARRETE !!! j’ai fait exactement la moitié de la distance à parcourir et je sui arrêté, stoppé, scotché,
encalminé comme on dit dans le jargon nautique.
Pour combien de temps ? Désespérant...
Moteur, 1400 tours/min, 3,5 noeuds. Pour combien de temps ? A priori, à moins d’un miracle, pas de station
service avant Royan, 674 milles...
17h30
Toujours la pétole...
J’ai appelé par radio un porte conteneur qui passait à 7 milles à l’ouest pour avoir des prévisions météo
: « force 4 à 5 de secteur nord-nord-ouest »
Si ça pouvait se réaliser... c’est juste ce qu’il me faudrait. Je ne sais pas si ça sera le cas mais en tout
cas ça donne de l’espoir et c’est déjà vachement bien.
Bon, je vous laisse, je vais aller allumer un cierge, ou même deux, sur la cheminée, peut-être que ça
aidera...
22 août
7h
Eh ben c’est pas la joie...
les 2 cierges n’ont manifestement pas été suffisants.
Après une nuit absolument sans vent, le « force 4 à 5 de secteur nord-nord-ouest » prédit se trouve
être du « force 1 de est-nord-est », c’est à dire juste le contraire de ce qu’il me faut...
Concrètement ça signifie que :
- je ne peux pas faire route vers ma destination prévue
- je dois arrêter le moteur et garder le gasoil pour recharger les batteries si nécessaire (pas de vent donc
éolienne inefficace, pas de soleil donc on oublie le panneau solaire) et j’avance à 2 noeuds.
je dois rester zen parce que je ne sais pas combien de temps va durer cette situation pas très
drôle.
Si la situation météo ne change pas, je vais essayer (!) de me diriger vers La Corogne en Espagne et encore
il me faudra tirer des bords car mon cap actuel m’entrainera au plus au sud, vers Lisbonne.
Pour l’instant, je me contente d’avancer...
Mais j’ai quand même des questions qui me turlupinent de plus en plus : comment se fait-il que, depuis
presque 3 ans que je suis parti sur ce bateau, je n’ai presque jamais de vent ? Même dans les régions où il y en a en principe toujours. Comment se fait-il que les conditions de vent que je
rencontre ne correspondent presque jamais aux prévisions ?
Quand je raconte ça à des navigateurs de rencontre ils ont du mal à me croire. Je suis curieux de savoir
combien de temps auront mis BLAIREAU, parti 2 jours avant moi, pour rallier Bordeaux et STROBINELL, parti en même temps que moi, pour rejoindre Douarnenez ?
Alors, la faute à pas de chance, la faute au hasard ? Ou bien, et ça me vient de plus en plus souvent à
l’esprit, est-ce qu’il y a là quelque chose qu’il faut que j’écoute et que j’entende ?
Est-ce qu’en faisant ce que je fait (naviguer à la voile), je suis sur la bonne voie ?
8h15
Mais non, je veux pas aller en Espagne !
J’ai appelé un cargo pour lui demander les prévisions météo, elles concordent avec celles que j’ai dans mon
fichier de vent et avec le bulletin espagnol que je viens de recevoir : vent 3 à 5 de secteur nord-ouest à nord. Tous d’accord.
Et pourquoi alors est-ce que j’ai force 0,5 de nord-est ?
Je vire de bord et repars au nord, je fais le pari que tôt ou tard le vent reviendra du secteur
ouest.
François, copain bordelais rencontré aux Açores, avec qui j’ai passé pas mal de temps, a souvent parlé d’un
bateau qu’il a construit lui-même et qu’il appelé « Tout ça pour ça ». C’est un nom bizarre pour un bateau mais depuis ce matin il revient souvent dans mes pensées.
Et si moi aussi j’avais fait tout ça pour ça ?
Toute cette énergie utilisée, cet argent dépensé, ce temps passé, toutes les conséquences directes et
indirectes sur ma vie et celles de certaines personnes, tout ça pour me retrouver dans une situation d’une totale inutilité et sur laquelle je ne peux exercer aucune influence...
Bien sûr j’ai reçu tellement de belles choses depuis le début de ce voyage, je ne les oublie évidemment pas,
mais la question est : Où est le sens ? A quoi cela sert-il ?
Est-ce qu’une réponse apparaîtra pendant les 600 milles nautiques qu’il me reste à parcourir ? A moins
qu’elle ne soit déjà là, en face de moi...
N’allez surtout pas vous dire que je suis complètement déprimé par cette navigation désespérante de
lenteur.
Non, ça ne me déprime pas, je n’y trouve aucun plaisir mais ça ne me déprime pas. La situation est telle
qu’elle est et n’ayant aucune influence possible sur le bon vouloir d’Eole (une fois de plus !), je l’accepte.
Patience, c’est tout. Ce n’est même pas prendre mon mal en patience parce qu’il n’y a pas de
douleur.
Je sais que le vent va revenir, sans savoir ni quand ni de quelle direction. Je mettrai très probablement
encore au moins une semaine pour arriver, c’est comme ça. Ce qui m'embêterait beaucoup si je mettais plus de temps c’est que je n’ai pas de moyen pour communiquer à mes proches que je serai en
retard pour le dîner. Mon souci est là, leur éviter une éventuelle inquiétude inutile.
Bon, pas très rigolo tout ça mais rien de grave, j’ai à manger, à boire, à lire, à... réfléchir.
A propos de manger, j’ai mangé à midi ma dernière pomme (enfin la moitié...) et la bonne nouvelle c’est que
je vais pouvoir manger maintenant des ananas en boite. J’adore ça. Normal, je suis tombé dedans quand j’étais petit, c’est ma potion magique à moi. Je viens de faire l’inventaire, j’en ai 8
boites dont 2 grandes. Je peux donc affirmer que j’arriverai au plus tard dans une semaine. Le compte est bon puisque le dernier jour j’en mangerai deux.
23 août
Bilan comptable des dernières 24h :
53 milles parcourus dont 30 avec l’aide du moteur, ce qui signifie 23 milles à la voile en 16h ! et seulement 15 qui me rapprochaient du but...
Ne nous plaignons pas, c’est déjà ça... Je crois qu’on prend réellement conscience de l’immensité de l’océan
quand on est complètement arrêté au milieu pendant des heures et qu’on ne peut rien faire pour que ça change. Si dans ces moments-là vous regardez la carte en mettant le doigt sur la position du
bateau, il vaut mieux avoir un brin d’humour et essayer d’être un tout petit peu philosophe...
Finalement un tout petit zéphyr a fait une apparition nocturne vers 2h et j’ai essayé tant bien que mal d’en
profiter avec de multiples réglages de voiles pour essayer de gagner quelques dizièmes de noeud.
Certains diront : « 0,5 noeud, qu’est ce ça change à l’échelle d’un océan, tu aurais mieux fait de dormir et
d’attendre que le vent se lève. »
Et bien non, pour moi ce gain en vitesse, aussi minime soit-il, est capital. Il représente ma capacité à agir
directement sur l’évolution de ma situation. J’ai choisi d’être là où je suis, je choisis de faire mon possible pour en sortir.
« Dans la vie, il ne s’agit pas d’avoir les bonnes cartes en main, mais de bien jouer avec de mauvaises
cartes. » Jack London
Et ce matin c’est réellement un nouveau jour, le soleil est là, le vent aussi. Pas bien fort mais il me
permet d’avancer à 4 noeuds dans la bonne direction.
La journée a été calme mais le bateau a toujours progressé à la voile, pas comme hier...
Julie l’araignée a fait une petite sortie pendant la journée. J’en ai profité pour lui tirer le portrait.
Elle est jolie, non ?
© Marc Perrussel
C’était assez drôle, je l’ai vue marcher au plafond, je lui ai dit quelques mots doux comme on dirait à un
chat ou un chien familier et elle s’est laissée descendre le long d’un fil et s’est arrêtée au niveau de mon nez. Elle est restée 1 à 2 minutes à faire le pendule puis est remontée se promener au
plafond.
24 août
le vent est revenu cette nuit ou plutôt arrivé, vu que jusqu’à maintenant...
Nuit pas terrible du point de vue sommeil, j’ai dû manoeuvrer plusieurs fois, mais pas mal en matière de
progression.
Il est 16h30 et je viens de réduire un peu la grand voile, ça souffle à environ 25 noeuds, vent arrière avec
les vagues de 3/4 arrière ce qui fait que le bateau fait de beaux écarts de trajectoire et comme en ce moment il flirte avec en moyenne avec les 6,5 noeuds, ça chahute un peu.
Pffff ! qu’est-ce que ça fait du bien d’avancer ! Déjà ce matin, en arrivant enfin à une vitesse de 5 noeuds,
ce qui n’était pas arrivé quasiment depuis le départ, je me suis dit : « enfin ! »
Bon, il y a quand même une mauvaise nouvelle aujourd’hui : les 3 paquets de madeleines aux raisins de
Corinthe ont moisi. Dommage, ça allait plutôt bien avec l’ananas...
Rien n’est parfait...
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