17 mai, fête nationale en Norvège.
En ce qui me concerne, rien à signaler. A part des drapeaux partout, c'est le grand calme. M'étonnerait qu'il
y ait des feux d'artifice ce soir.
Je suis arrivé à vous trouver un drapeau qui a bien voulu se déplier rien que pour vous parce que d'une
manière générale ils sont plutôt du genre "je me laisse aller".
Faut dire que pour ce qui est du vent, je ne suis pas gâté.
Trois situations habituelles:
- pas de vent.
- trop de vent et je reste à l'abri dans un port, heureusement ce n'est pas souvent.
- du vent, en général pas trop fort, mais pile dans la mauvaise direction.
Tout ça soit avec un soleil radieux, soit avec un plafond bien bas des plus déprimant mais heureusement il
m'en faudrait plus que ça..., soit la pluie bien froide. Et ça change tous les jours, voire plusieurs fois par jour.
Résultat, si VoLuMondu continue tout schuss sa grande descente vers le sud, c'est bien grâce à son moteur de
40 CV qui ronronne plus souvent qu'à son tour. Imaginez un peu: sur les 500 milles nautiques (plus de 900 km) que je viens de parcourir, j'en ai fait..... 20 (37 km) à la voile !!!!!
J'accepte, faut bien...
Quelques fois ça a quand même du bon ce temps calme. Si on navigue la plus part du temps entre des îles qui
protègent des vagues venues du large, il y a le long de cette côte norvégienne quelques endroits mal famés, comme les deux que j'ai passés ces derniers jours, qui sont ouverts sur le large et
reçoivent la houle de l'Atlantique nord et où il est hors de question de s'aventurer si on est pas certain des bonnes conditions météo. Heureusement ces passages sont assez courts car les
prévisions ne sont parfois valables que le temps que le météorologue les écrivent. J'exagère à peine...
C'est ainsi que j'ai passé le fameux Stattlandet sans le moindre vent mais c'est le genre d'endroit où même
par calme "plat", la mer prend toute embarcation pour une bouteille d'Orangina et s'offre un malin plaisir à bien mélanger ce qu'il y a dedans.
Juste histoire de pimenter la chose, une épaisse nappe de brouillard m'est tombée dessus 2 heures avant que
j'atteigne ce cap. Radar, A.I.S (dispositif de prévention des collisions) allumés, l'oeil ou plutôt les yeux fixés sur ma carte électronique avec le petit bateau rouge qui trace sa route.... et
les rugueux et menaçants rochers qui se découvrent à temps pour que je constate que j'étais bien là où je pensais être. Le plafond reste quand même très bas et quand j'oblique vers le sud est
pour rejoindre des zones plus abritées et rassurantes, même si les conditions étaient idéales, j'ai eu comme un soulagement, le cap était dans le sillage... Mon petit cap Horn à moi...
Les jours précédents, j'ai fait escale dans la jolie ville d'Alesund, construite sur trois îles. Le port se
trouve on ne plus en centre ville, à 300 m de la bibliothèque municipale où je peux avoir une connexion internet. Tiens, il faudra quand même que je vous explique un jour comment je fais pour
avoir ces connexions qui me permettent de rester en contact avec famille, amis, vous et le reste du monde.
Alesund est le point de départ pour un des fjords les plus renommés, le Geirangerfjord, classé au
patrimoine mondial par l'UNESCO.
Ces longues vallées maritimes qui s'insinuent entre ces montagnes sont magnifiques. Tantôt étroites et
sinueuses, tantôt plus larges et rectilignes (c'est relatif quand même, ça me paraît rectiligne parce que je vais lentement), les rives sont parfois très escarpées, quand elles ne sont pas
carrément verticales, parfois en pente plus douce où se sont souvent implantées là des fermes d'alpage. L'inévitable Hurtigrutten, l'Express côtier, y fait bien sûr un détour.

On peut y naviguer par endroit en touchant le rocher juste en tendant le bras tellement la roche plonge à
pic dans les eaux profondes et sombres. Pas grand risque de toucher un
caillou avec sa quille.
J'ai eu la chance d'avoir quelques heures de ciel dégagé pour apprécier pleinement la majesté des
lieux.
Parce que l'environnement est quand même assez souvent dans les dégradés de gris. Heureusement, parfois une
rencontre colorée apporte une touche pimpante qui fait le plus grand bien aux pupilles.
En continuant vers le sud, les paysages sont assez variables, il y a des îles assez basses quand on se
rapproche du large vers l'ouest et le relief s'escarpe considérablement dès qu'on prend la direction du continent vers l'est. Tout le long de la côte et dans les fjords ma route croise celles des
innombrables ferries qui, inlassablement font la navette en transportant véhicules et passagers d'une île à l'autre, d'une île au continent, du continent au continent en traversant un fjord et
évitent ainsi un trajet routier terrestre de plusieurs dizaines de kilomètres.
Par endroit, certains se sont aménagés très discrètement leur petit coin de paradis. Cherchez bien sur la
photo, il y a une maison.

J'avais l'intention d'aller voir le plus long des fjords, le Sognefjord, qui pénètre sur près de 200 km à
l'intérieur des terres mais, un peu à contre coeur, j'ai décidé aujourd'hui de ne pas y aller pour ne pas m'infliger près de 40 heures de moteur supplémentaires. J'irai en voir encore un ou deux
plus courts plus au sud.
Le soleil a daigné se montrer aujourd'hui en fin d'après midi et une belle atmosphère pleine de douceur s'est
dégagée de ce lieu où je me suis arrêté assez tôt. Tout est calme, l'herbe est d'un beau vert tendre (ça vous étonne peut-être que je sois sensible à ça mais ça fait des mois que je n'ai pas vu
un brin d'herbe vert tendre), il y a des moutons dans les prés et même avec des cloches. A la montagne... Presque la Haute Savoie.

Pour terminer, une petite anecdote. Et là je vais vous demander de me croire sur parole.
Quand vous verrez ce qui suit, il ne manquera pas certaines mauvaises langues pour dire que ça y est,
j'apprécie plus que de mesure la bière norvégienne. Eh bien non, et vous pouvez me croire ou pas d'ailleurs, ça m'est égal, je n'ai pas décidé de goûter aux supposées joies de la picole. Ceux qui
me connaissent bien savent que je n'ai jamais bu une goutte de toutes ces boissons plus ou moins frelatées, à part deux doigts de champagne dans de très rares et très grandes occasions, et
encore, c'était pour faire plaisir...
J'ai une cartographie électronique qui, entre autres fonctions, enregistre le trajet parcouru par VoLuMondu
en laissant une trace sur la carte. C'est heureusement la seule trace que je laisse de mon passage et celle-là n'est que virtuelle.
Donc sur l'écran un petit bateau rouge, piloté par une antenne GPS qui lui est dédiée, laisse dans son sillage un trait rouge. Le problème c'est que dans les zones très encaissées des fjords, les signaux des satellites ont bien du mal à parvenir
à l'antenne et en conséquence, la trace sur l'écran est quelque peu bizarre. C'est le moins que l'on puisse dire.
Heureusement que le sillage réel du bateau est plus conforme à ce qu'on pourrait attendre d'un barreur
sobre.
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